Cancers et VIH, infos et prévention des risques

C’est quoi, un cancer ?

Le terme « cancer » englobe un groupe de maladies se caractérisant par la multiplication et la propagation anarchiques de cellules anormales. On entend parfois parler de tumeur, un terme qui désigne une augmentation de volume d’un tissu. Certaines tumeurs sont malignes (cancéreuses) et d’autres sont bénignes. Toutes les tumeurs ne sont donc pas cancéreuses, mais un cancer est un type de tumeur maligne particulièrement dangereux.

Quels sont les symptômes d’un cancer ?

Le cancer est souvent un « agresseur silencieux », qui ne cause pas de douleur à un stade précoce. En cas de symptômes, seul·e un·e médecin peut déterminer, par des examens appropriés, s’ils sont dus ou non à un cancer. Rappelons qu’un diagnostic précoce de la maladie permet souvent un traitement moins agressif et peut augmenter les chances de guérison, c’est pourquoi le dépistage est très important.

Vous pouvez reconnaître vous-même certains symptômes. Pour être significatifs, ils doivent être persistants ou répétés malgré un traitement. Il est donc inutile de s’alarmer au moindre symptôme :

  • Enrouement ou toux persistante, surtout chez les fumeurs et anciens fumeurs.
  • Difficultés à avaler, surtout chez les personnes qui fument et boivent de l’alcool.
  • Modification chronique du transit intestinal (constipation, diarrhée ou alternance des deux).
  • Problèmes pour uriner, surtout chez les hommes.
  • Perte de poids, fatigue ou fièvre persistante sans cause précise.
  • Perte de sang anormale (pertes vaginales en dehors des règles ou après la ménopause, sang dans l’urine, les selles, les expectorations, apparition spontanée d’hématomes, etc.).
  • Grosseur ou gonflement, n’importe où sur le corps (testicule, sein, sous la peau, etc.).
  • Chez les femmes, une modification subite de la poitrine : rétraction de la peau, écoulement, rougeur, etc.
  • Modification ou apparition d’une tache pigmentée sur la peau.
  • Blessure qui ne guérit pas dans la bouche ou sur la peau.

Plus d’infos 

Suis-je plus à risque en tant que personne vivant avec le VIH ?

Certains cancers définissent le Syndrome d’Immuno Déficience Acquise (SIDA). C’est à dire que s’ils sont présents chez une personne vivant avec le VIH, le stade de SIDA est atteint. Il s’agit de la maladie de kaposi, des lymphomes malins non hodgkiniens, du cancer du col de l’utérus (lié à HPV). Ces cancers sont devenus moins fréquents grâce au traitement antirétroviral précoce et plus efficace, ainsi qu’au dépistage de ces cancers grâce au suivi régulier des patient·es.

D’autres cancers sont liés à une infection virale ou bactérienne : cancer de l’anus, du pénis, de la gorge, de la langue, du vagin et de la vulve (HPV), cancer du foie (virus de l’hépatite B et C), cancer de l’estomac (bactérie H. Pylori), lymphome hodgkinien, cancer de la gorge et des voies nasales (EBV). Ces cancers sont plus fréquents chez les personnes vivant avec le VIH car même avec une charge virale indétectable, l’organisme se défend moins bien contre les lésions induites par ces virus qui peuvent donc dériver en cancers.

Enfin, il y a les cancers qui ne sont pas liés à une infection : le cancer du sein, du poumon, du colon, de la prostate, et de la thyroïde. Ces cancers sont plus fréquents que dans la population générale si la charge virale n’est pas contrôlée par un traitement antirétroviral. Dans le cas d’une charge virale indétectable, ils ne sont pas plus fréquents.

En conclusion, les facteurs de risque sont :

  • Une infection à VIH non traitée ;
  • Un traitement tardif du VIH ;
  • Une inflammation chronique à cause de la présence du VIH ;
  • Une mauvaise hygiène de vie (consommation de tabac, de cannabis et d’alcool) ;
  • Le vieillissement.

Il existe par ailleurs un risque d’interaction entre le traitement antirétroviral et le traitement contre le cancer.

Il est dès lors essentiel de signaler toute sensation inhabituelle à votre médecin traitant·e ou votre infectiologue afin de faire les examens nécessaires, d’autant plus qu’il existe toute une série de dépistages gratuits qui sont proposés à partir d’un certain âge.

Quels sont les cancers les plus fréquents chez les personnes vivant avec le VIH et comment les dépister ?

Chez les femmes, les 5 cancers les plus fréquents sont :

  • Cancer du sein
  • Lymphome non hodgkinien (cancer du système lymphatique)
  • Cancer du poumon
  • Cancer de la thyroïde
  • Cancer de l’utérus ou cancer de l’ovaire

Chez les hommes, les 5 cancers les plus fréquents sont :

  • Lymphome non hodgkinien (cancer du système lymphatique)
  • Sarcome de Kaposi (cancer des vaisseaux sanguins cutanés et des muqueuses de la bouche, de l’œsophage, du nez et de l’anus)
  • Cancer de la prostate
  • Cancer du poumon
  • Cancer anal

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CANCER DÉPISTAGE POUR QUI? À QUELLE FRÉQUENCE?
Cancer du sein Mammographie Dépistage gratuit pour les femmes entre 50 et 69 ans.
Payant pour les femmes de moins de 50 ans ou de plus de 70 ans,
le dépistage est envisagé si le risque héréditaire est élevé.
Tous les 2 ans
Cancer du colon Recherche de sang dans les selles.
Si le test est positif, une colonoscopie
est indiquée afin de révéler la présence
d’excroissance et d’un cancer précoce.
Dépistage gratuit pour les hommes et les femmes
entre 50 et 74 ans
Tous les 2 ans pour le dépistage gratuit par recherche
de sang dans les selles. Colonoscopie recommandée tous les 10 ans.
Colonoscopie virtuelle recommandée tous les 5 ans.
Cancer du col de l’utérus Un frottis est réalisé au moment du diagnostic VIH
afin de détecter la présence de l’HPV, ainsi que
d’éventuelles lésions.En plus du dépistage, la vaccination est conseillée
avant les premières relations sexuelles. Il est gratuit
dans le cadre de la médecine scolaire et recommandé
pour les personnes vivant avec le VIH jusque 26 ans,
40 ans pour les hommes ayant des relations sexuelles
avec des hommes.
Dépistage gratuit tous les 3 ans pour les femmes
de 25 à 65 ans. Il est recommandé aux femmes vivant
avec le VIH de se faire dépister au moment du
diagnostic du VIH, peu importe l’âge, et après 65 ans.
Si le premier frottis ne détecte pas la présence de l’HPV
et qu’il n’y a pas d’antécédent de lésion, le frottis sera
réalisé tous les ans pendant 3 ans, puis une fois tous les 3 ans
tant que la charge virale est contrôlée, sinon, il doit avoir
lieu tous les ans.
Sarcome de Kaposi et cancers de la peau Examen complet de la peau et des muqueuses. Pour tout le monde, mais pas de remboursement
spécifique prévu.
Une fois par an.
Cancer anal Examen anal digital et éventuel prélèvement.
Si anomalie un examen proctologique est recommandé.
En cas de symptômes (saignement anal, douleur, gêne)
adressez-vous à votre gastro-entérologue.
Dépistage recommandé chez les hommes ayant des relations sexuelles
avec des hommes, chez toute personne ayant des antécédents de
condylomes et chez les femmes ayant présenté des lésions du col
de l’utérus.
Tous les 1 à 3 ans.
Cancer des poumons Scanner thoracique. Dépistage en cas de symptômes (toux persistante, douleur, sang
dans les crachats, amaigrissement inexpliqué).
Recommandé chez les personnes entre 55 et 74 ans ayant fumé
plus d’un paquet par jour par an pendant plus de 30 ans
(ou équivalent).
Pas de consensus actuellement.
Cancer du foie En cas d’infection chronique par le virus de l’hépatite B,
le virus de l’hépatite C ou d’une cirrhose d’autre origine :
dosage de l’alpha-foetoprotéine et échographie du foie.
Il est possible de se faire vacciner contre l’hépatite B.
Pour toute personne présentant une cirrhose,
une hépatite virale chronique ou en cas d’antécédant familial.
Tous les 6 mois à 1 an.
Cancer de la prostate Dosage du PSA dans la prise de sang, toucher rectal À discuter au cas par cas, le bénéfice est augmenté
en cas d’antécédents familiaux.
Dosage du PSA une fois par an ou tous les 2 ans
pour les hommes de plus de 50 ans avec une espérance de vie
de plus de 10 ans.

Pour dépister le cancer du colon, vous pouvez commander un kit de prélèvement à réaliser chez vous sur le site internet dépistage cancer pour la Wallonie. Tou·tes les habitant·es de la Région de Bruxelles-Capitale âgés de 50 à 74 ans sont invité·es à se rendre tous les deux ans dans leur pharmacie pour demander le kit de dépistage. Il n’est donc plus nécessaire d’attendre une lettre d’invitation ou une prescription médicale pour retirer votre kit à la pharmacie. Les pharmacien·nes peuvent désormais directement vérifier en ligne si vous êtes éligible au Colotest. Vous pourrez ensuite réaliser votre test très facilement chez vous. Plus d’informations sur le site de BruPrev.

Comment traite-t-on un cancer ?

Le traitement du cancer est adapté en fonction de chaque situation. En effet, chaque patient·e atteint·e d’un cancer est un cas particulier et demande une prise en charge appropriée.

Le choix d’un traitement ou d’une combinaison de traitements dépend de plusieurs facteurs dont les plus importants sont :

  • le type de cancer
  • le degré d’extension du cancer
  • la présence d’éventuelles autres maladies
  • l’âge de la personne
  • l’état général de la personne

Il existe différents traitements du cancer utilisés seuls ou associés entre eux :

  • chirurgie
  • radiothérapie
  • chimiothérapie
  • hormonothérapie
  • immunothérapie
  • nouveaux traitements « ciblés »

Le choix de ces traitements et l’ordre dans lequel ils sont administrés doit être effectué par une équipe médicale multidisciplinaire.

Existe-t-il un médicament miracle contre le cancer ?

L’information suivante circule régulièrement : il existerait depuis longtemps un médicament contre le cancer, volontairement gardé secret pour différentes raisons. Ce n’est malheureusement pas le cas. Il n’existe pas de médicament miracle contre le cancer. Grâce à nos connaissances, nous pouvons affirmer que la réponse au cancer ne viendra jamais d’une seule pilule miracle, car les cancers ne sont pas une seule maladie, ils ne sont pas spécifiques aux organes qu’ils touchent, chaque patient·e réagit différemment à un traitement et le cancer peut être plus ou moins agressif.

 

Vous trouverez plus d’informations sur les différents cancers abordés dans cet article dans la présentation du Docteur Rémy Demeester du CHU de Charleroi, réalisée à l’occasion d’un café santé organisé en collaboration avec l’asbl SIDA-IST Charleroi-Mons.

FAQ

Les analyses qui sont faites le sont pour le suivi du VIH. Il faut demander des analyses supplémentaires pour rechercher un éventuel cancer, et les moyens de diagnostic sont différents pour chaque cancer. Votre médecin pourra par exemple demander à doser le PSA (prostate) et s’il est très élevé, ce sera suspect. Il·elle pourra par la suite vous faire faire des examens complémentaires. Le marqueur tumoral pour le cancer du sein n’est pas effectué pour le dépistage, c’est le mammotest qui le détecte. Pour le cancer de l’ovaire, votre médecin peut demander de doser le marqueur tumoral dans la prise de sang. Pour le cancer du colon, le marqueur tumoral sanguin est utilisé pour le suivi mais pas pour le dépistage faute de précision suffisante.

Il n’y a pas d’augmentation du risque de cancer à cause du traitement antirétroviral. Au contraire, il vous protège de certains cancers.

C’est moins efficace si on a déjà été exposé·e aux sérotypes couverts par le vaccin, d’où l’intérêt de faire le vaccin avant les premiers rapports sexuels. Plus on fait le vaccin tardivement, moins il aura d’intérêt. Dans une approche individuelle, cela peut néanmoins présenter un intérêt au cas par cas d’effectuer le vaccin (à discuter avec son·sa médecin traitant·e). Dans une approche de santé publique, pour que le vaccin soit remboursé, il faut avoir démontré que le coût du vaccin est proportionnel à son efficacité au niveau populationnel.

Manger 5 fruits et légumes par jour, avoir une alimentation variée, avec un apport suffisant en vitamines, garder la ligne, éviter le gras, le trop salé, les produits industriels.

Il ne se transforme pas en cancer, le VIH réduit l’immunité et les défenses de l’organisme contre les infections. Vous êtes donc plus vulnérables face aux cancers induits par une infection comme l’HPV et donc plus à risque de développer un cancer du col de l’utérus. C’est principalement le cas lorsque l’on n’est pas sous traitement.

Ce n’est pas parce que le dépistage n’est plus remboursé qu’il n’est plus possible après 69 ans. Le remboursement n’est peut-être plus de 100% mais ça vaut la peine de continuer le dépistage, même si du point de vue santé publique ce n’est plus considéré comme rentable. Du point de vue individuel, ça vaut la peine de le faire.

Ça semble en effet excessif, mais c’est la recommandation actuelle. Ça vaut la peine d’en discuter avec le·la dermatologue pour voir si on peut espacer selon ses risques personnels.

Le·la médecin spécialiste du VIH évaluera en fonction des symptômes et des résultats de la prise de sang s’il y a lieu d’effectuer des examens complémentaires. Si des anomalies sont détectées et qu’elles ne sont pas directement dues au VIH, il·elle vous orientera adéquatement vers un·e de ses confrères·soeurs (oncologue, hématologue,…).

Le manque d’activité physique aura plus d’impact sur le risque d’accidents cardiovasculaires que sur le risque de cancer, néanmoins j’insiste sur l’importance d’arrêter le tabac ! C’est important d’avoir tout de même une bonne hygiène de vie.

Le stress est difficile à mesurer. Pour l’alcool cependant, avec présence de tabac en prime, le risque de cancer est effectivement plus élevé.

Pour tout soutien et info : Cancer info 0800 15 801

Si vous souhaitez arrêter le tabac, vous pouvez demander une consultation de tabacologie dans votre Centre de référence VIH. Ces consultations et les traitements pour le sevrage sont pris en charge par la mutuelle.

Liens utiles pour des informations détaillées :

Fondation contre le cancer : https://www.cancer.be/
Dépistage à Bruxelles (Mammotest, colotest, cervitest) : https://www.bruprev.be/fr/bruprev
Dépistage en Wallonie (Cancer du sein, du colon et rectum, du col de l’utérus) : https://www.ccref.org/

Liens pour les professionnels de la santé :

EACS Guidelines https://www.eacsociety.org/
Conseil National du SIDA et des hépatites virales recommandations du groupe d’experts (prise en charge des personnes vivant avec le VIH) : https://cns.sante.fr/actualites/prise-en-charge-du-vih-recommandations-du-groupe-dexperts/#Recommandations
VIH, hépatites virales, santé sexuelle AfraVIH : Livre AfraVIH (https://www.livre-afravih.org/)
HIV book : www.hivbook.com