Protéger son enfant durant la grossesse

Aujourd’hui, les traitements permettent d’avoir un·e enfant en bonne santé grâce à la charge virale indétectable.

Avoir une charge virale indétectable empêche en effet la transmission du VIH à votre bébé, d’où la nécessité d’avoir une charge virale indétectable avant la conception et de poursuivre votre traitement durant la grossesse afin de maintenir cette charge sous le seuil de détectabilité. Dès le désir d’enfant, parlez-en à votre médecin et à votre gynécologue pour bénéficier d’un accompagnement adéquat et d’un éventuel changement de traitement si nécessaire. Vous pouvez avoir un·e enfant de manière naturelle (par auto-insémination ou par relation sexuelle non protégée : voir ci-dessous couples sérodiscordants) ou avec la méthode de Procréation Médicalement Assistée (PMA) qui, en Belgique, est aussi accessible aux personnes vivant avec le VIH.

Il existe plusieurs façons d’avoir des enfants si vous avez des problèmes de fertilité ou de procréation par voie naturelle, ou si vous êtes un couple homosexuel. Vous pourrez par exemple recourir à l’adoption. En Belgique, la loi sur l’adoption est bien réglementée. Renseignez-vous auprès de l’ONE (Office de la Naissance et de l’Enfance) pour être sûr·e que vous remplissez toutes les conditions exigées.

Parents sérodiscordants

  • Homme séropositif et femme séronégative

Vous désirez avoir des enfants par voie naturelle. En tant que futur père, il est nécessaire de veiller à ce que votre charge virale soit indétectable avant de vous lancer dans votre projet de conception, ce afin d’éviter de transmettre le VIH à votre partenaire. En effet, le bébé ne peut être contaminé que si la personne qui le porte (mère, mère porteuse) est contaminée par le VIH et que sa charge virale est détectable. Si votre charge virale est détectable et que vous avez des difficultés à prendre votre traitement, parlez-en à votre médecin pour qu’il·elle vous aide. II·elle pourrait vous conseiller sur des moyens de procréation et de protection comme la PrEP, ou vous conseiller la procréation médicalement assistée, la technique de lavage du sperme ou l’insémination afin d’éviter tout risque de contamination de la mère et du bébé.

Que se passe-t-il si je deviens séropositive en cours de grossesse ?

En Belgique, le traitement anti-VIH est administré dès le diagnostic à toutes personnes séropositives y compris les femmes enceintes. La découverte de votre séropositivité pendant la grossesse peut être un moment difficile d’où l’importance de prendre contact avec un Centre de référence VIH pour un accompagnement adapté par une équipe pluridisciplinaire compétente et expérimentée. Le·la médecin vous donnera les informations et les conseils nécessaires pour vous maintenir en bonne santé vous et votre bébé. Si vous ne prenez pas de traitement, il y a en effet un risque de contamination à votre bébé.

Au cas où vous souhaiteriez mettre fin à votre grossesse, vous avez la possibilité de pratiquer l’interruption volontaire de grossesse ou IVG dans un délai de 12 semaines à compter du moment de la fécondation. Il suffit de vous rendre dans un centre de planning familial qui pratique les Interruptions Volontaires de Grossesse (IVG) et vous serez prise en charge par une équipe pluridisciplinaire. Vous pouvez également en parler à votre médecin ou à la·au psychologue du Centre de référence VIH pour obtenir un soutien.

  • Femme séropositive et homme séronégatif

Vous désirez avoir des enfants par voie naturelle. En tant que future mère, il est nécessaire que votre charge virale soit indétectable avant la conception et que celle-ci reste sous le seuil de détectabilité pendant la grossesse afin d’éviter la transmission du VIH à votre bébé (mais aussi à votre partenaire). Parlez de votre désir d’enfant à votre médecin spécialiste du VIH et à votre gynécologue pour qu’il·elle vous donne un traitement adapté aux femmes enceintes et qu’il·elle effectue tous les tests et examens nécessaires à la bonne santé de votre bébé.

Relations sexuelles non protégées au sein d’un couple sérodiscordant.

Il a été démontré que le VIH ne se transmettait pas au sein d’un couple sérodiscordant si la personne VIH positive avait une charge virale indétectable depuis au moins 6 mois et prenait son traitement de manière rigoureuse. Il est aussi nécessaire que la personne VIH-négative au sein du couple soit à l’aise avec le fait de ne pas utiliser de préservatif pour les relations sexuelles. Parlez-en avec votre médecin afin qu’il·elle vous conseille à ce sujet notamment lors d’une consultation avec votre partenaire.

Parents concordants

  • Femme séropositive, homme séropositif

Vous désirez avoir des enfants par voie naturelle. Si vous êtes tous les deux porteurs du VIH, assurez-vous que vos deux charges virales soient indétectables et particulièrement celle de la mère pour éviter la transmission du VIH à votre enfant. Au cas où la mère a une charge virale détectable, parlez-en avec votre médecin. Il·elle vous donnera les conseils à suivre pour préserver la santé de votre bébé.

Suivi durant la grossesse et l’accouchement

La séropositivité n’augmente pas le risque de fausse couche et d’accouchement prématuré. Il n’y a pas non plus de répercussion, pendant ou après la grossesse, sur l’évolution du VIH chez une femme séropositive.

Comme toute autre femme enceinte, vous pourrez, si vous le souhaiter, participer aux séances d’information organisées par la maternité de votre hôpital ou de la consultation prénatale. Vous pourrez aussi suivre des séances de préparation à l’accouchement (kinésithérapie prénatale, haptonomie (méthode de préparation à l’accouchement et de communication avec le bébé).

L’accouchement par voie naturelle est le plus souvent proposé lorsque le virus est bien contrôlé, c’est-à-dire que votre charge virale est indétectable. L’accouchement par césarienne peut être proposé dans certaines situations comme en cas de charge virale détectable.

Dans certains cas également, vous recevrez un traitement antirétroviral par perfusion intraveineuse dès le début du travail. Vous recevrez également des médicaments pour éviter la montée de lait car l’allaitement est fortement déconseillé en cas de séropositivité pour le VIH.

Suivi après l’accouchement

Comme toute autre maman vous pourrez suivre des séances de rééducation du périnée après l’accouchement, ce qui est vivement recommandé pour éviter la descente d’organes et retrouver du tonus musculaire. Vous devrez également continuer à prendre votre traitement antirétroviral.

L’accouchement peut être un moment émotionnellement intense. Vous pouvez être partagée entre la joie d’avoir votre bébé et un baby blues dû à la fatigue et à la chute des hormones. Toutes ces émotions sont normales. N’hésitez pas à parler à un·e professionnel·le de la santé de tout ce qui reste sur votre cœur.

Et le suivi du bébé après la naissance ?

À la naissance, votre enfant sera également mis·e sous traitement préventif pendant 4 semaines via un sirop contenant un antirétroviral, afin de s’assurer qu’il·elle ne contracte pas l’infection. Votre enfant continuera à bénéficier d’un suivi jusqu’à ses 2 ans, l’occasion de surveiller les effets éventuels des traitements auxquels il·elle a été exposé·e in utéro. Le suivi sera interrompu à ses 18-24 mois si votre enfant ne présente aucun symptôme d’infection.

  • Puis-je allaiter mon enfant ?

En Belgique, il est recommandé aux femmes vivants avec le VIH de ne pas allaiter mais de nourrir leur enfant avec du lait artificiel. En effet, un risque de transmission du VIH par le lait maternel existe même chez des personnes avec une charge virale indétectable. De plus, le bébé qui a déjà été exposé aux traitements anti-VIH pendant la grossesse, serait encore plus longtemps exposé à ces médicaments et leurs effets secondaires potentiels pendant l’allaitement. Si vous désirez allaiter votre enfant pour des raisons culturelles ou autres, ne le faites pas sans en informer les professionnel·les qui vous accompagnent. Parlez-en à votre médecin spécialiste du VIH, votre gynécologue ou le·la pédiatre, car la santé de votre bébé en dépend.