Nutrition et qualité de vie chez les personnes vivant avec le VIH

Autrefois, la prise en charge des personnes vivant avec le VIH visait principalement à éviter la perte de poids et à prévenir les infections opportunistes, qui étaient très fréquentes en raison de l’immunodépression. La lipodystrophie, caractérisée par une redistribution anormale des graisses corporelles, constituait également une complication majeure liée aux premiers traitements antirétroviraux.

Aujourd’hui, grâce aux progrès thérapeutiques, les défis ont évolué. La lutte se concentre désormais sur la gestion de la prise de poids, souvent induite par certains traitements antirétroviraux modernes. Il est également essentiel de surveiller l’apparition d’un excès de graisse dans le sang et d’un excès de cholestérol dans le sang, notamment une augmentation du cholestérol LDL ou mauvais cholestérol, qui accroît le risque cardiovasculaire. L’insulinorésistance est devenue une préoccupation importante, car elle est fréquemment associée à une accumulation de graisses au niveau abdominal et peut conduire à un diabète de type 2. Malheureusement, il n’est pas possible de prédire où la graisse va s’accumuler et la cibler avec précision lors de la perte de poids.

Certaines complications, autrefois courantes, sont aujourd’hui devenues plus rares. Les diarrhées, qui pouvaient être causées par des infections intestinales opportunistes, des effets secondaires des traitements ou directement par le virus, sont désormais mieux contrôlées. De même, les nausées et vomissements, fréquents à une époque au début du traitement ou après plusieurs années en raison d’une accumulation de graisses dans le foie, sont moins fréquents grâce à une meilleure adaptation des traitements et à un suivi médical régulier.

L’évolution des traitements a permis d’améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH, mais a également entraîné l’apparition de nouveaux défis métaboliques qui nécessitent une prise en charge adaptée et personnalisée.

Les patient·es sont confronté·es à diverses difficultés liées à l’alimentation. Ces situations sont souvent influencées par des facteurs culturels, sociaux et économiques :

  • Habitudes alimentaires variées
  • Horizons culturels différents, ce qui influence leurs habitudes alimentaires. La barrière de la langue complique parfois la communication autour de la nutrition. Beaucoup de patient·es vivent avec peu de moyens, notamment dans des centres de réfugié·es.
  • L’absence de réfrigérateur, le manque d’idées de recettes, ou encore l’isolement social accentuent les difficultés à bien s’alimenter. Certains dépendent de colis alimentaires sans toujours avoir les notions nécessaires pour adapter les quantités ou utiliser certains produits (par exemple, la quantité d’huile à utiliser peut être difficile à évaluer).
  • Il faut également prendre en compte les régimes particuliers, comme le végétarisme ou les intolérances alimentaires, qui demandent une adaptation des conseils et des solutions proposées.

En pratique, le rôle de la diététicienne est de donner des conseils diététiques ciblés, adaptés au cas par cas, selon la situation rencontrée : prise de poids, hypercholestérolémie, manque de temps pour cuisiner, isolement, faibles revenus ou diabète.

Certaines huiles ne doivent pas être chauffées, comme l’huile de noix ou de noisette. L’huile d’olive, d’arachide ou de tournesol peuvent être chauffées à haute température (de manière générale, on ne consomme pas les aliments brûlés). Consommez le moins possible d’huile de coco ou de palme, car elles sont très saturées.

En cas d’excès de cholestérol dans le sang, il est important de diminuer les apports en acides gras saturés. Cela concerne notamment les aliments ultra-transformés, les abats, le gras des viandes (privilégiez les petits poissons qui contiennent du bon gras et ne sont pas concentrés en mercure et autres produits toxiques comme les grands poissons), le beurre et le fromage (le light n’est pas une solution, il vaut mieux manger moins d’un bon fromage que beaucoup d’un allégé).

Il est également conseillé d’augmenter les apports en fibres, en privilégiant les légumes, les fruits, les céréales complètes (attention, ça reste calorique, donc on n’en mange pas une quantité astronomique) et les légumineuses comme les petits pois, les fèves, les lentilles ou les pois chiches.

Il est utile de rappeler qu’environ un tiers du cholestérol sanguin est influencé par l’alimentation. Il ne faut donc pas diaboliser certains aliments comme les œufs, qui restent peu coûteux et constituent une excellente source de protéines.

La pomme de terre est naturelle, la frite est transformée, la chips est ultra-transformée.

En cas d’excès de graisse dans le sang, il est recommandé de réduire la consommation de sucres ajoutés (attention, on en trouve aussi dans les charcuteries, les surimis, viandes hachées en boulettes, burger, pain de supermarché, etc.) ainsi que celle d’alcool. Une unité d’alcool correspond à 10 grammes d’alcool. Il est conseillé de prévoir deux jours par semaine sans aucune consommation d’alcool. Les autres jours, la consommation ne doit pas dépasser trois unités pour les femmes et quatre unités pour les hommes.

Le meilleur moment pour consommer du sucre est l’après-midi, car les besoins en énergie sont supérieurs. En effet, lancer sa pompe à insuline dès le matin provoque des pics de glycémie tout au long de la journée. Il vaut également mieux manger du gras en même temps que le sucre, car il contrebalance l’effet du sucre et limite le pic de glycémie, car le sucre sera digéré plus lentement. En matière de boisson, même si les édulcorants sont décriés, il vaut mieux consommer une boissons « zéro » qu’une boisson sucrée classique. Surtout pour les personnes diabétiques. Pour sucrer ses aliments autrement qu’avec du sucre, n’utilisez pas le sirop d’agave qui fait certes moins monter le taux de sucre mais favorise les risques cardio-vasculaires. Le sirop d’érable est meilleur, car naturel.

Exemples de sucres ajoutés à limiter :

  • Sodas, jus de fruits industriels (attention, les remplacer par des smoothies est une fausse bonne idée, car le cerveau est capable d’absorber beaucoup de calories quand elles sont bues que mangées, la mastication envoie en effet un signal de satiété au cerveau)
  • Pâtisseries, biscuits, viennoiseries
  • Barres chocolatées, bonbons
  • Céréales sucrées du petit-déjeuner
  • Yaourts aromatisés ou desserts lactés sucrés

Répartition des repas

Il est recommandé de répartir la ration alimentaire quotidienne en quatre repas pour mieux couvrir les besoins nutritionnels tout au long de la journée :

  • Le petit déjeuner doit représenter environ 20 à 25 % des Apports Journaliers Recommandés (AJR).
  • Le dîner constitue le repas principal de la journée, avec une part de 30 à 35 % des AJR.
  • Les collations, prises entre les repas, doivent rester légères et représenter 10 à 15 % des AJR.
  • Enfin, le souper, plus léger que le dîner, couvre environ 25 à 30 % des AJR.

Cliquez ici pour consulter le guide des portions.

Les fausses croyances alimentaires

De nombreuses idées reçues circulent autour de l’alimentation, mais elles peuvent nuire à une bonne hygiène de vie si elles ne sont pas remises en question :

« Le bio, c’est à volonté » : Même si les produits biologiques sont cultivés sans pesticides de synthèse, ils peuvent être tout aussi caloriques. La modération reste essentielle.

« J’utilise de l’huile d’olive au lieu de l’huile de palme, mais je ne maigris pas… » : Remplacer une matière grasse par une autre, même de meilleure qualité nutritionnelle, n’aura pas d’effet sur la perte de poids si les quantités restent excessives.

« Je mange un croissant, des fritures ou du chocolat très rarement… » : Ces petits écarts, même ponctuels, peuvent s’accumuler et impacter le poids à long terme s’ils ne sont pas équilibrés dans l’ensemble de l’alimentation.

« J’ai remplacé les sucreries par des fruits secs ou des oléagineux, alors pourquoi je prends encore du poids ? » : Bien que plus sains, ces aliments sont riches en calories. Leur consommation doit aussi être modérée.

« Je ne mange qu’une fois par jour, mais je continue à grossir » : Sauter des repas peut perturber le métabolisme, favoriser le stockage des graisses et entraîner des prises alimentaires excessives lors du seul repas.

Un peu de sport ? Bougez, tout simplement !

Inutile de pratiquer une activité intense ou coûteuse pour rester en forme. Il suffit de bouger régulièrement au quotidien :

– 30 minutes de marche rapide (même réparties dans la journée),

– quelques minutes de vélo d’appartement,

– monter les escaliers plutôt que prendre l’ascenseur…

Ces gestes simples, accessibles à tous et peu coûteux, sont efficaces s’ils sont pratiqués chaque jour.

En plus de maintenir une bonne condition physique, l’activité régulière contribue à l’augmentation du HDL, aussi appelé « bon cholestérol », bénéfique pour la santé cardiovasculaire.

Un rééquilibrage alimentaire associé au sport est la meilleure combinaison, car si on se muscle sans faire attention à son alimentation, les muscles seront là, mais cachés sous une couche de graisse. Attention toutefois au jeûne, car lors de la privation alimentaire on va davantage perdre de l’eau que du gras dans les premiers jours, c’est avec le temps qu’on commence à perdre su gras. Quant au jeûne intermitant, il doit correspondre au rythme de chaque personne. Sauter un repas et se rattraper sur le suivant est contreproductif.

Le but n’est pas de créer de la frustration en se privant, mais de trouver l’équilibre entre santé et plaisir.